Amarrage de Potions \\o [PV Shalley McPeers]

Mychaël souffla vainement sur une de ses mèches, essayant de la mettre autre part que juste devant ses yeux sans devoir employer ses mains. Seulement il lui fallut bien une dizaine de minutes pour y arriver. Ayant les mains occupées il pouvait difficilement faire autrement. Mais bon, sa technique n’était pas des meilleures, maintenant il y avait de la buée sur ses lunette, lui obstruant à moitié la vue. Génial.

Enfin, ce n’est pas ça qui allait l’empêcher de marcher. Les fioles de Potions qu’il tenait en main s’entrechoquaient de temps à autre, produisant une sorte de cliquetis étrange. Oh bien évidement il aurait pu les mettre facilement dans sa poche à l’aide d’un sort, mais le problème était qu’il y en avait déjà, et qu’il ne voulait pas prendre le risque d’en mettre de trop, craignant qu’elles finissent par se casser.

Son but était d’arriver à l’infirmerie, sans ne rien lâcher ni casser. C’est pour cette raison qu’il avait préféré y aller après le couvre-feu, afin de ne pas faire de collision avec un élève. Ou du moins, il n’était pas censé y avoir d’élèves dans les couloirs. En ce début d’année, il fallait que l’infirmière refasse ses recharges de potions, et Mychaël s’était proposé pour en faire une partie, les ingrédients coûtant quand même beaucoup moins cher que de commander des potions toutes faites à Sainte Mangouste ou à un autre hôpital, ou magasin spécialisé là dedans.

Au moins, cette fois-ci il avait pris le soin de mémoriser le chemin jusqu’à l’infirmerie, et il avait aussi retenu qu’il fallait éviter la quatrième marche d’un certain escalier, qui avait tendance à faire des siennes, et à faire tomber quiconque passait sur cette marche. Doucement, mais sûrement, il finit par arriver à l’endroit voulu, et le plus silencieusement possible, poussa la double porte de son épaule afin d’entrer. D’un pas de velours, il traversa la pièce principale, ne voulant pas déranger les éventuels malades, mais il remarqua bien vite qu’en ce début d’année, personne n’avait encore réussi à se blesser. Ses précautions étaient donc inutiles…Quoique pas tellement. Il y avait une demi dizaine de tableaux présents, tous en train de dormir, et Merlin sait qu’ils peuvent être susceptibles et mauvais caractères.

Le jeune homme aux cheveux bleu leur lança un vague regard, avant de toquer à la porte du bureau de l’infirmière, y entrant dès qu’il obtint une réponse, ouvrant la porte à l’aide de son coude. Une jeune femme rousse apparu dans son champ de vision, Shalley McPeers l’infirmière du château. Lorsqu’il était arrivé ici, il l’avait de suite reconnue, à vrai dire ce n’était pas vraiment quelqu’un que l’on oubliait, avec ses cheveux rouges et ses tenues souvent…roses ? De plus, on ne pouvait nier le fait que ses formes étaient avantageuses, ce qui il faut bien l’avouer passait rarement inaperçu chez la gente masculine. Enfin ce n’était pas pour autant que Mychaël allait lui courir après, elle était de toute façon bien plus âgée que lui, et il se doutait qu’elle n’hésiterait pas à le remballer. Après tout, il ne devait être qu’un gamin à ses yeux non ? Bref, il l’avait déjà vues plusieurs fois à l’université, les études de médecine et celle pour devenir maître des potions étant donnée dans la même enceinte. Enfin, il se doutait aussi du fait qu’elle ne le reconnaîtrait pas : elle était un an au-dessus dans les études, et généralement on regarde toujours les plus grands, et rarement ceux qui sont en dessous.

-Bonsoir, je vous ai apporté les Potions dont vous aviez besoin, je pense qu’il ne manque r…

Mychaël ne termina pas sa phrase pour la simple raison que, alors qu’il venait de poser les fioles qu’il avait dans les mains, et sortait celles se trouvant dans ses poches, il en lâcha une qui sembla le narguer durant la courte durée de sa chute, avant de s’écraser lamentablement au sol. En signe de mécontentement, il lâcha un léger grognement, avant de poser la fiole qu’il avait dans l’autre main, et prit sa baguette afin de réparer les morceaux de verres brisés au sol. Oh il ne l’avait pas lâché par distraction, mais plutôt par surprise ; son bras droit s’était mis à trembler, et sans le faire exprès, il avait relâché sa prise. D’ailleurs, le tremblement continuait et heureusement qu’il était gaucher, sans quoi la fiole n’aurait pas été remise comme neuve avant un bon bout de temps. Après avoir fait disparaître le liquide sur le sol, il se releva, tout en essayant de contrôler le tremblement, en vain.

-Excusez-moi…Je referai un Philtre Calmant pour demain soir si vous le souhaitez…

Se corrigea-t-il en faisant comme si de rien n’était. Il continua de sortir les potions qu’il avait dans ses poches, en évitant néanmoins d’utiliser sa main droite, dont les tremblements incontrôlables semblaient s’amplifier.

Un an. Cela faisait maintenant un an que Shalley avait décroché le poste d'infirmière à Poudlard. Il fallait avouer qu'elle n'avait pas vu le temps passer. Ici, elle semblait retomber en enfance. Elle ne pouvait s'empêcher de rire lorsqu'elle se souvenait qu'elle avait prévu de rester à ce poste juste assez longtemps pour pouvoir avoir un emplois à Saint Mangouste au département des maladies rares. La jeune femme se laissa tomber sur un des nombreux lits de l'infirmerie. Le seul point qu'elle n'aimait pas ici, bien que ce soit partout pareil, était la blancheur immaculé de la pièce. Pourquoi ne pouvait-on pas y ajouter quelques touches de rose ? C'était vraiment dommage, ce serait tellement plus beau ! Mais bon, tant pis. Elle avait finit par s'y faire. Un bâillement lui échappa et ses paupières se firent lourdes. Reprendre le travail après ces deux mois de vacances était vraiment dur pour elle. Elle ferma les yeux et se remémora les évènements de la soirée.

Le banquet avait eut lieu et, comme ça son habitude, avait apporté de nombreux nouveaux élèves. Elle avait rapidement repéré lesquels avaient été répartis à Serpentard et lesquels avaient trouvé leur place à Gryffondor. Et bien quoi ? Elle, elle n'était pas un professeur et ne pouvait de toute façon pas enlever ou rajouter des points. Qu'est ce que ça pouvait bien faire si elle avait quelques chouchous ? Bref, c'était une soirée, comme toujours, superbe. Il y avait eut une seule chose qui avait en quelque sorte cassé la routine de la rentrée. Le professeur de potion était bien jeune pour occuper ce poste. Il faisait à la limite vingt ans, tout au plus. Celui-là, soit il allait bien s'entendre avec les septièmes et sixièmes années, soit il allait se faire marcher sur les pieds. Il fallait juste espérer pour lui qu'il ait un minimum d'autorité. Un nouveau bâillement échappa à l'infirmière. Elle devrait peut-être aller se coucher. Elle se leva et mit les mains dans ses poches. Du bout des doigts, elle sentit son paquet de cigarettes. Elle le sortit et le regarda, l'air extrêmement concentrée. Avait-elle, oui ou non, le courage de sortir pour aller fumer ? Une seconde plus tard, l'appel de la nicotine était trop fort et elle se dirigea vers son bureau et s'appuya contre le rebord de la fenêtre. Elle coinça la cigarette entre ses lèvres, sortit sa baguette et l'alluma d'un vague 'Incendio'. Elle tira une longue bouffée et expira lentement. Elle recommença ce manège plusieurs fois, s'amusant à faire des ronds de fumée plus ou moins parfait. Quelqu'un qui toqua à la porte l'interrompu dans sa pause clope. Elle grogna un coup pour la forme et écrasa sa cigarette dans son cendrier.

« Entrez ! » finit-elle par lâcher.

Elle se tourna vers le nouveau venu et remarqua que c'était le professeur de potion auquel elle pensait précédemment. Qu'est ce qu'il venait faire ici ? Il répondit à sa question sans même qu'elle n'eut à la poser. Il était legilimens ou quoi ? Elle avait complètement oublié qu'il fallait toujours la réapprovisionner en potion à chaque débuts d'année. Peu importait de toute façon. La jeune femme s'approcha de lui dans le but visible de lui venir en aide, mais elle n'eut pas le temps de l'atteindre qu'une fiole alla s'écraser au sol. Avant qu'elle ne puisse réagir, la fiole était réparée. Elle nettoya le liquide d'un 'Evanesco' en faisant signe que ce n'était rien. Il n'avait pas besoin de s'excuser pour ça.

« Ne t'inquiètes pas, ce n'est rien. Je ne sais pas si tu sais vraiment qui je suis puisque j'avais fait passé ma commande par hiboux... Bref, je suis Shalley McPeers, l'infirmière comme tu as pus le constater. Et toi c'est quoi déjà ton nom ? Mucka... Mycka... Mychaël McGees, c'est ça ? Désolée, j'ai du mal pour retenir les noms. »

Elle lui fit un petit sourire d'excuse, sans pour autant se rendre compte que le tutoyer pouvait paraître étrange, voir même déplacé. Mais il était plus jeune qu'elle et ils étaient plus ou moins au même niveau. Ils faisaient parti de personnel de Poudlard. L'emploie de la deuxième personne du singulier lui semblait alors tout à faire naturel.

Shalley remarqua alors que quelque chose semblait étrange dans l'attitude du professeur. Mais qu'est ce que c'était ? Elle chercha un instant avant de se rendre compte qu'il n'utilisait que ça main gauche, même lorsqu'il devait sortir des potions de sa poche droite... Etait-il stupide ? Son regard dériva donc sur la main droite du brun et elle remarqua qu'elle était agitée de soubresauts plus ou moins violent. Elle fronça les sourcils et lui l'attrapa d'un geste autoritaire. Lorsque quelque allait mal, elle devenait très souvent mère poule.

« Qu'est ce qu'il t'arrive ? Si tu me dis 'rien', je te fais boire une potion de sommeil et je te garde ici jusqu'à ce que tu avoues. Ah oui, et je te mets des nœuds roses dans les cheveux. Ce sera très joli sur toit ! »

Etant donné la manière dont il avait caché sa main, il était évident qu'il ne voulait pas qu'elle s'en mêle. Grossière erreur ! Shalley était une des personnes les plus têtues au monde. Elle posa sa main sur le front de son premier patient de l'année, la retira, sortit sa baguette, lança quelques sorts en marmonnant des formules à voix basse et la rangea. Elle regarda Mychaël dans les yeux, les mains sur les hanches et lui demanda d'un ton où se mêlait amusement et reproche :

« Tu peux m'expliquer comment tu as réussi à attraper une grippe sorcière en plein été ? Je sais que ce n'est pas impossible, mais tu risques d'être mal pour ton premier jour de cours. Enfin ne t'inquiète pas, maman Shasha est là pour s'occuper de toi. Va t'asseoir sur un lit là-bas. »

Elle chercha un instant dans les potions qu'on venait de lui apporter et dans sa réserve avant de revenir près du malade. Elle lui tendit d'office trois potions. D'abord une rouge, puis une verte et enfin une translucide.

« Bon je suppose que tu connais les potions. Néanmoins... Tu prends la première le soir, la deuxième le matin et le soir, et la dernière avant de te coucher, mais juste ce soir. Ca te mettre plus en forme pour les cours. »

Bon sa main avait décidé de s’entraîner à un rodéo de sorcier dans lequel elle jouerait le rôle du balai incontrôlable ? Si c’était le cas, elle était bien partie pour gagner. Du mieux qu’il put, il essaya de faire comme si de rien n’était, n’ayant pas spécialement envie que l’infirmière ne le remarque et commence à lui poser des questions : après tout il n’avait qu’une envie : aller dormir point final. Il vida donc petit à petit les potions de ses poches, en remarquant que McPeers utilisait le tutoiement, ce qui eut le don de le mettre légèrement mal à l’aise. Était-ce une manière de l’inciter à en faire de même, ou au contraire devait il le prendre comme une sorte de marque de supériorité de sa part ? Après tout, elle devait avoir facilement 4 ans de plus que lui, voir plus.

-Oui Mychaël McGees, c’est bien ça. Quant à vous, je ne me souvenais plus exactement de votre nom, mais vous étiez à la fac de médecine il y a deux ans non ? Enfin, vous l’avez quittée l’année dernière je suppose, vous étiez une année au dessus de la mienne, mais en filière de médecine bien évidemment.

Lança-t-il tout en continuant de sortir les potions qu’il avait en poche, c'est-à-dire une certaine quantité, afin de ne pas devoir passer trop souvent réapprovisionner les stocks. Il s’était douté du fait qu’elle ne se souvienne pas de lui en tant qu’étudiant, il n’y avait de toute façon aucune raison, et puis il ne cherchait pas non plus à se faire remarquer, les questions sur son âge récurrentes l’énervant déjà assez. Oh, cela ne le dérangeait pas tellement que ça de devoir y répondre une ou deux fois, mais quand la même personne venait plusieurs fois demander la même chose, c’était un peu lassant. Un peu beaucoup. De plus certains semblaient faire ça rien que dans le but de le rabaisser, mais était-ce vraiment sa faute après tout ? Malgré ce que certains pourrait penser, il n’avait jamais demandé une telle chose. Et puis connaître Poudlard avant d’être enseignant aurait pu lui être très utile. Comme se retrouver dans le château.

Lorsqu’elle lui prit soudainement la main droite, il faillait lâcher une deuxième fiole, mais parvint à resserrer le goulot à temps, et la posa sur le bureau avant de regarder l’infirmière avec une tête qui ressemblait plutôt à un chien battu qu’à autre chose. Oh il ne le faisait pas exprès, c’était une mimique qui lui était venue tout naturellement sans s’en rendre compte, comme une sorte de tic.

…des…nœuds…Roses ? C’était ironique là ? Le pire c’est qu’il n’en était pas sûr. Rien qu’à l’idée de devoir porter quelque chose de cette couleur, Mychaël eut une moue peu agréable, montrant délibérément son opinion sur les dits nœuds. Hrm… A choisir, autant lui dire la vérité, cela ne lui couterait absolument rien, et en plus cela lui éviterait de se retrouver avec des machins non identifiable d’une couleur affreuse sur lui. Passe encore si ils étaient bleus ses nœuds, mais rose…

-Et bien à vrai dire, …je n’en sais strictement rien. Ca ne m’est jamais arrivé auparavant, mais je suppose que ça va pa….

Ou comment parler dans le vent en même pas dix secondes. Shalley avait déjà une main sur son front, vérifiant sans doute sa température. Puis elle marmonna quelques sorts que le Maître des Potions ne pu saisir, ayant juste le temps se demander pourquoi elle n’utilisait pas des sorts informulés. Mais bon, chacun a sa technique n’est ce pas ? Si elle avait envie de les marmonner, ce n’est certainement pas lui qui allait lui faire une remarque.

…Une grippe sorcière en plein été ? elle se fichait de lui là, ce n’était pas possible autrement…Comment aurait-il pu l’attraper par un temps pareil ? En plus, il n’avait presque pas été dehors… Bon d’accord les cachots n’étaient peut-être pas l’endroit idéal non plus. Ils étaient plus froids et surtout beaucoup plus humides que le reste du château. …Après tout, ce n’était peut-être pas si étonnant que ça qu’il commence une grippe, bien qu’il n’était pas là depuis très longtemps, son stress et la fatigue accumulée n’avait sans doute pas du arranger les choses. Tout ce qu’il l’espérait c’était pouvoir être en état de donner cours le lendemain, il n’avait pas du tout l’intention de se faire porter pâle le premier jour ! …Même si pour cela il lui faudra partir de l’infirmerie à l’insu de la rousse. Cela s’avérerait peut-être difficile, mais il essayerait au moins. En entendant la fin de sa phrase, il se renfrogna quelques peu. Non mais elle le prenait réellement pour un gamin de trois ans là ? Oui à force d’entendre des réflexions sur son âge, à chaque allusion, faite exprès ou non il prenait la mouche. Il s’assit néanmoins sur un lit, et alors qu’elle revenait décida de répondre à sa pseudo question

-C’est peut-être à force de chercher son chemin un peu partout dans le château, et d’aller fréquemment dans les Cachots… A part ça je ne vois pas d’autres raisons…

Termina-t-il plus pour lui-même que pour elle, tout en réfléchissant à d’autres éventuelles raisons. Alors qu’elle lui tendait les potions, il remonta ses lunettes sur l’arrête de son nez, avant de les prendre et de leur lancer un vague coup d’œil : toutes les trois lui était reconnaissable, encore heureux en même temps. Ah ! Elle n’avait donc pas l’intention de l’empêcher de faire son cours ! Cela le rassura dans un sens, mais une légère peur vint pointer le bout de son nez. Et si il n’était pas à la hauteur ? Il hésita durant quelques instants, puis reprit la parole

-Dites…Tant qu’on y êtes, vous ne pourriez pas me donner un philtre Calmant ? J’en avais fait un chaudron, mais tout le contenu est dans vos fioles. J’ai…l’impression que je ne vais jamais m’en sortir. En même temps je ne sais pas si c’est une bonne idée…mais dans un autre sens cela pourrait aider non ? Et…

Mychaël finit par s’arrêter, premièrement ne sachant que dire et deuxièmement se rendant compte que cela n’avait pas beaucoup de sens. Il préféra faire comme si il avait fini sa phrase, et après quelques secondes, souffla une énième fois sur la même mèche, qui avait encore décidé de se mettre dans sa vue

Shalley lança à Mychaël un regard emplit d'incompréhensio. Un philtre Calmant ? Pourquoi faire ? La jeune femme faisait partie des personnes qui ne donnait pas n'importe quoi à n'importe qui, et que le professeur soit un adulte ne changeait en rien la situation. De plus, avec son visage enfantin et ses quatre -sinon plus- années de moins, il n'était guère différent d'un septième année pour elle. Lorsque le malade donna une petit phrase explicative qui n'expliquait presque rien, Shalley sentit la moutarde lui monter au nez. Elle même avait été dans le même cas l'an passé lorsqu'elle allait faire sa première journée, bien qu'elle fussent moins jeune et qu'infirmière soit moins stressant que professeur, mais elle avait surmonté cette épreuve toute seule et avait réussi avec brio ! Elle n'avait même pas pensé à utiliser une potion pour ça. Après tout, c'est une épreuve de la vie Merlin, et tellement minime par rapport à ce qu'elle avait soit déjà vécu, soit ce qui l'attendait. L'enterrement de sa sœur, par exemple était bien plus important. Les poings sur les hanches, elle regarda le brun comme s'il avait sortit la pire des injures.

« Evidemment, commença-t-elle d'un ton qui se voulait calme, je pourrais. Malheureusement pour toi, je ne le ferais pas. C'est vraiment hors de question ! Tu ne vas tout de même pas commencer à jouer au petit garçon perdu ? Je crois avoir déjà entendu parler de toi. »

Elle réfléchit un instant à sa phrase. Oui, ce nom lui disait quelque chose.. Non, pas le nom, la personne entière lui disait quelque chose. Apparemment ils avait étés dans la même fac, bien qu'avec quelques années de décalage. Ah oui ! Elle se souvenait maintenant. Il était le jeunot dont tout le monde parlait, celui qui n'était même pas allé à Poudlard. Elle se souvenait l'avoir croisé dans les couloirs de temps à autre. Elle aussi avec eut son diplôme de Maître des potions et, bien qu'elle ait été assez seule durant ses études à cause de son travail acharné, elle n'avait pas non plus était complètement détaché de toutes traces sociales.

« Oui je me souviens maintenant. Enfin bref, vu ton âge, tu as du en voir pas mal non ? D'habitude, les plus jeunes s'en prennent plein la tête, alors toi je n'ose même pas imaginer. Mais malgré ça, tu es là, dans un des meilleurs métiers qui existent, je parle en terme de réputation bien sûr, et tu voudrais prendre un filtre maintenant ? A moins que tu n'es tenu jusqu'ici que grâce à une dose quotidienne de cette potion ? Mais dans ce cas, je refuse d'autant plus de t'en donner ! Tu dois savoir, aussi bien que moi, que si on en consomme à tort et à travers, ça peut créer une forte dépendance ! »

Elle était même prête à le surveiller jours et nuits pour qu'il ne se fasse pas une potion lui même. Plus fière qu'un hippogriffe et plus têtue qu'un niffleur qui aurait vu une trace d'or, elle n'allait certainement pas le laisser tranquille de sitôt. Il ne faisait aucun doute que son homologue avait rapidement dut le remarquer. Elle fourra ses mains dans ses poches, prise d'une énergie nouvelle qu'elle ne savait pas comment dépenser et sentit le paquet de cigarette. Elle se sentit un peu gênée. Elle venait de parler d'une dépendance, mais elle n'était vraiment pas mieux. Oh, elle ne fumait pas comme un certains Moldus qui enchaînaient les paquets -il y avait d'ailleurs une expression. Fumer comme un pipon... pompin ?- mais elle n'en restait pas moins obliger de fumer lorsque l'envie se faisait sentir. Elle se calma alors et passa sa main dans ses cheveux en signe de gêne.

« Ecoute, tu n'as pas besoin d'une bête potion pour ça. Tu ne vas pas pouvoir en prendre à chacun de tes cours de toute façon, alors autant t'y faire maintenant non ? Et puis de toute façon, je pourrais bien t'écouter si tu as besoin d'aide. »

Elle s'assit sur le lit à côté de lui et lui fit un petit sourire. Elle s'en voulait presque de lui avoir parlé comme ça. Presque. Elle était tout de même convaincue d'avoir raison, mais comme première approche ce n'était pas le plus amical, et elle ne voulait pas être en de mauvais termes avec lui qui semblait vraiment sympathique.

Lorsque Mychaël reposa son regard sur l’infirmière, il comprit de suite qu’elle n’allait pas lui céder le philtre. Bon au pire, il ferait sans et trouverait bien autre chose…Sinon…Il en ferait un soi-même quitte à y passer la nuit. Certes la première solution était la meilleure, mais encore fallait il trouver le moyen de se calmer. Inconsciemment, l’Anglais avait commencé à se craquer les doigts tout en réfléchissant. Merlin pourquoi avait-il voulu prendre ce métier ? Au final, sa mère avait peut-être eu raison en disant que cela ne lui conviendrait pas du tout, et qu’il aurait mieux fait de se mettre un autre projet en tête.

Mychaël lâcha un infime soupir, juste avant que son interlocutrice ne prenne la parole, donnant raison à ses suppositions : elle n’allait pas lui céder de philtre. Oh il aurait pu discuter et essayer d’en soutirer un d’une quelconque manière, mais ce n’était pas dans son caractère. Il respectait les personnes plus âgées, et les plus petites aussi, et ne chercherait pas à remettre en cause son opinion. Après tout, il lui avait demandé son avis en quelques sortes…

A l’entente du « petit garçon perdu » le Maître des Potions se retint fortement de lâcher un « Gnia gnia gnia », mais se rendant compte que cela ne ferait qu’accentuer un côté enfantin, il préféra se mordre l’intérieur de la joue. Ah ? Ainsi son nom lui disait quelque chose ? Ce n’était peut-être qu’une coïncidence après tout. Même si Mychaël était un prénom Russe, il n’était pas moins courant en Angleterre, pour preuve, le nouveau membre du corps professoral en connaissait… … Aucun en fait. Bon d’accord admettons que ce ne soit pas un prénom courant, elle l’avait sans doute confondu avec un Mike ou un prénom dans ce genre-là.

Quoique, au vu de ses phrases, elle semblait viser la bonne personne. Sans doute alors avait-elle entendu parler de lui. Bon au niveau des bizutages par contre, elle n’avait qu’à moitié raison. Au tout début, étant donné que personne ne savait qui était vraiment le nouveau qui était arrivé avec quelques années d’avances, il avait connu un calme plat. Qui ne dura pas longtemps d’accord, il avait été repéré assez vite, et à partir de ce moment-là vinrent toutes sortes de personnes qu’il ne connaissait même pas, qui l’assaillait de questions. Et puis, certains – jaloux peut-être ?- mirent leur grain de sel. Notamment lors du « baptême » des premières années. Le moment où on leur avait fait passer une douche froide puis baladés dehors – ils avaient intelligemment décidé de faire ça aux environs de décembre- en « oubliant » de faire rentrer Mychaël n’avait peut-être pas été la pire des choses qu’ils avaient du faire, mais bon, après cela il avait bien été malade pendant une semaine entière.

En guise de signe de sa non culpabilité, Mychaël leva les mains, comme pour montrer patte blanche. Il n’espérait pas grand-chose avec ce geste, si ce n’est calmer son homologue. Il n’avait pas l’intention de créer un débat non plus !

– Oui, je connais parfaitement les conséquences que cela pourrait avoir d’en prendre trop souvent. Je n’en ai pris que très rarement…Une fois en fait. Et ça ne m’a pas réussi…Hrmph vous avez raison c’est une mauvaise idée…

Lâcha-t-il avec un léger grognement, n’aimant pas vraiment avouer qu’il avait tord. Mais bon, quand il le fallait même si ce n’était pas nécessairement drôle de l’admettre, il le faisait quand même. La dernière, et première fois, qu’il avait pris un philtre calmant c’était lorsqu’on l’avait provoqué en duel, et bêtement il avait accepté. Chose qu’il regretta assez vite. Oui, il avait opté pour prendre une potion afin de se calmer et d’avoir les idées un peu plus clairs sauf que là, c’était à peine si il n’avait pas oublié sa baguette dans sa chambre, et prenait tout à la légère. Au final il s’était fait battre à plat de couture, mais sur le coup, s’en fichait pas mal du tout, ne voyant pas ce que cela lui aurait rapporté de remporter l’espèce de duel.

Finalement elle sembla se calmer, du moins son ton de voix l’annonçait. Et plus elle parlait plus Mychaël lui donnait raison bien qu’il n’allait peut-être pas le lui faire remarquer une deuxième fois. Après tout, il avait bien eu son diplôme, alors pourquoi ne réussirait –t-il pas à énoncer un bête cours qu’il connaissait par cœur ? Enfin, bien évidemment il ne se contenterait pas de lire ses feuilles, le but n’étant pas d’endormir les élèves.

Shalley finit par s’asseoir à côté de lui, et durant quelques instants, il joua avec le bouchon d’une des fioles qu’il avait en main. Lui parler ? En quoi cela lui serait utile ? Bon cela venait d’une bonne intention, et cela ne lui coutait rien de lui parler. Après tout il avait lancé l’affaire en lui demandant le philtre. Pendant une dizaine de secondes, il inspecta ses ongles entièrement bleus, avant de se décider à prendre la parole.

-Ce qui me turlupine le plus, c’est les élèves…Les plus âgés ont quoi, 1 an, 2 ans tout au plus de moins que moi ? Si ça se trouve, il y en a même qui ont le même âge…Vous obéiriez facilement vous si vous étiez élève à un Professeur de votre âge ? Même avec de l’autorité ce ne sera pas suffisant…Et ne me dites pas que si je leur mens sur mon âge en disant que j’en ai 24 ils goberont une ineptie pareille. Et sans mentir, j’ai vraiment l’impression que certains Professeurs me prennent plus pour un élève qu’un enseignant. M’enfin, maintenant tout peut se passer pour le mieux et ils ne feront peut-être strictement rien pour me mettre des bâtons dans les roues, mais je suis plutôt pessimiste de nature.

Shalley, bien que ravie qu'il ait renoncé au philtre calmant pouvait difficilement contredire le professeur quant à son futur manque d'autorité sur les élèves. Elle même avait eu quelques problèmes à son arrivée, alors qu'elle avait vingt-quatre ans ! Peut-être était-ce aussi parce qu'elle était une fille. Au départ, les garçons n'hésitaient pas à la draguer plus ou moins subtilement. C'était assez pathétique, mais elle se souvenait bien de leur expressions au moment où elle leur annonçait être contre la pédophilie. Généralement, ces presque-homme qui se voulaient virils prenaient un méchant coup dans leur fierté. Heureusement, après avoir un peu mûris, ils se rendaient compte que leur comportement avait été stupide et, généralement, ils ne lui en voulaient plus.

Mais pour le professeur, le problème était tout autre. Quoique... Certaines filles n'hésiteraient peut-être pas longtemps avant de venir le voir, après tout il était vraiment beau, ça ne servait à rien de mentir, et même s'il pouvait avoir un style assez étrange comme mettre du vernis bleu sur ses ongles, ça ne faisait que rajouter à son charme. Mais bon sur ce côté, Shalley ne pouvait pas reprocher grand chose avec son apparence semblable à un bonbon à la fraiser, ses décolletés trop grands et sa jupe peut-être un poil trop courte pour être règlementaire. D'ailleurs, l'infirmière devait toujours faire attention à ne pas trop dépasser les limites. Pour l'instant, le directeur le supportait grâce à son bon travail, mais elle ne devait pas non plus abuser de sa patience.

« Moi je suis plutôt optimiste. Je préfère largement voir le côté remplit de la potion que celui vide. Sauf si on parle d'un poison bien sûr ! »

Elle rit un instant avant de se taire dans un toussotement. Elle reprit plus sérieusement.

« Bien, blague idiotes mises à part, je pense que tu as plusieurs options. Quoique tu devrais pouvoir les rassembler en une seule... Si tu observes bien les professeurs de Poudlard en ce moment, tu remarqueras qu'il y a ceux qui privilégient le règlement, et d'autres l'amusent. Tu pourrais essayer de mêler les deux. Vu ton âge, c'est sûr qu'il faut que tu es un minimum d'autorité, donc je te propose, pour les premiers jours, de ne laisser aucune actions impunies, principalement pour les Gryffondors et Serpentards. J'ai cru entendre des autres professeurs que tu n'étais pas allé à Poudlard, donc je ne sais pas si tu te rends vraiment compte de l'animosité qui le lie entre eux. A partir de la cinquième année je dirais, tu ferais mieux de bien les surveiller. Ils sont prêt à tout pour se nuire. »

Shalley hésita un instant à continuer sur autre chose. Elle-même préférait bien sûr la maison de Serpentard, ça ne faisait aucun doute. Elle ne détestait pas les Gryffons pour autant, disons... qu'elle les respectait. Voilà. Peut-être bien un peu moins que les Poufsouffles et Serdaigles qui eux étaient plutôt neutre, mais on n'oublie pas une haine de sept ans -même injustifiée- en si peu de temps. Shalley compta mentalement.. Ca faisait huit ans qu'elle avait obtenu ses ASPIC.. Bon, elle aurait peut-être pu oublier finalement, mais c'était bien ce qui prouvait que la rancune de la rose était bien plus tenace que celle du commun des mortels et n'était pas seulement constituées de menaces en l'air.

« Si tu veux je pourrais toujours plaider en ta faveur pour les Serpentards, je m'entends bien avec eux d'habitude. J'étais dans cette maison, avant, se donna-t-elle la peine d'expliquer. Pour les Gryffondors, tu ferais mieux de voir avec quelqu'un d'autre. Mais de toute façon je sais pas vraiment si tu veux qu'on prenne ta défense... »

L'infirmière se leva rapidement, comme si elle venait d'avoir une illumination soudaine. Elle ouvrit le tiroir d'une armoire et en tira une plume, un parchemin et un encrier. Elle revînt vers le brun et se rassit.

« Je vais t'écrire le nom de quelques cas. Ceux à qui tu dois faire attention. Ils ne sont pas forcément méchants, mais... ils aiment bien bizzuter les nouveaux professeurs. Des farceurs en somme. Et puis je te rajouterai aussi ceux qui aiment bien se battre dans les couloirs, ceux qui martyrises les plus petits... Enfin ne t'inquiète pas, je vais marquer ce qu'ils sont vraiment à côté. Ah oui, tu as aussi les hypocrites. Mais ceux-là sont plus de ma maison. »

Shalley suçota le bout de la plume un instant puis la trempa dans l'encre et commença à écrire plusieurs noms, suivit d'un phrase qui expliquait à quoi s'attendre d'eux. Elle n'allait pas tout écrire, tout d'abord parce qu'elle ne pouvait pas se souvenir de tout le monde en si peu de temps mais aussi parce qu'ils étaient bien trop pour êtres tous notés en une soirée, et puis si le professeur voulait se souvenir un minimum des noms, elle ne devait pas trop en mettre. Il y avait aussi les premiers années qu'elle ne connaissait pas et certains deuxièmes ou troisièmes année.

Mychaël esquissa un geste pour commencer à se ronger les ongles, mais s’arrêta en plein milieu. Tout d’abord cela abîmerais son vernis, bon d’accord c’était le moindre de ses soucis, au pire il en remettrait ce n’est pas non plus comme si il n’en avait plus, mais c’était tout à fait ridicule. Ou plutôt il était ridicule. Les paroles de l’infirmière l’avait « secoué » mais dans un bon sens. Il s’en était sorti jusque là, alors pourquoi cela se passerait-il mal ? La seule chose dont il devait faire attention, c’était à trouver le bon milieu : ne pas utiliser trop d’autorité, au risque de se mettre à dos les élèves, mais ne pas non plus les laisser aller, au risque de se faire bizuter durant tout le reste de son travail. Enfin, ce n’était pas non plus comme si le premier cours allait déterminer l’opinion des élèves sur lui. Bien que la première impression soit une des plus importantes.

Mêler autorité et amusement ? C’était une des meilleures choses à faire, maintenant il allait falloir trouver comment réussir à les mélanger. Surtout que ce n’était pas vraiment dans un cours de Potions que l’on pourrait se permettre de faire n’importe quoi. Sauf si l’on est suicidaire ou que l’on a envie de faire un saut à l’infirmerie. Gryffondors et Serpentards ? Si il se souvenait bien, les premiers avaient comme couleur Rouge et Or, et les autres Vert et Argent. Une animosité particulière ? Ca il ne l’avait pas encore entendu, mais en même temps ce n’est pas en deux jours qu’il allait tout apprendre sur le château. Mais maintenant une question lui trottait dans la tête : Pourquoi ces deux maisons étaient rivales entre elle ? Apparemment, les Poufsouffles et les Serdaigles, ne semblaient pas l’être… Que ce soient deux personnes qui ne savent pas se piffer, c’est normal, mais deux Maisons, il fallait quand même le faire, cela impliquait combien de personne environ… 140 élèves ? Bon certainement que tous les élèves n’entraient pas en compte…Du moins il l’espérait. …Tout pour se nuire ? Il n’essayerait quand même pas de prendre sa classe comme champ de bataille, si ? Mychaël n’avait pas eu beaucoup d’écho négatif sur l’école, même si il n’avait entendu qu’assez peu d’avis, elle n’avait pas une mauvaise réputation.

-Oui, trouver un juste milieu serait la meilleure des choses à faire…Maintenant il ne faut pas être trop lourd non plus…Et ce que vous avez entendu est totalement juste, je n’avais encore jamais mis les pieds ici auparavant…En fait je n’en ai entendu parler qu’aux environs de mes 15 ans…C’est une des raisons pour lesquelles j’ai voulu devenir enseignant…Mais il n’empêche que j’aurais amplement préféré faire mes études comme tout le monde et me fondre dans la masse. Certaines personnes ont des préjugés pas si positifs que cela…Enfin ça a ses avantages aussi, comme être plus proche des élèves ! Enfin je crois…

Répondit-il en réfléchissant. A choisir entre les deux, il préférait être comme un ami auprès des élèves, mais bien évidemment, il serait totalement impossible de se faire aimer de tout le monde, il y aurait toujours quelques-uns qui n’aimeraient pas son caractère ou sa façon d’enseigner…Enfin son but n’était pas non plus de se faire voir comme le prof’ parfait, il cherchait juste à…enseigner ses savoirs aux autres sans qu’ils ne trouvent cela barbant. Quoiqu’il en soit il releva la tête lorsque l’infirmière reprit la parole, et souria lorsqu’elle parla de prendre sa défense. Elle ferait ça pour lui, alors qu’elle ne le connaissait quasiment pas ? Mais il n’allait pas non plus se « cacher » éternellement derrière quelqu’un ou la prendre comme bouclier. Cela ne ferait qu’amplifier ses problèmes auprès des élèves non ? Se présenter comme un lâche n’était pas une très bonne chose. Non il fallait qu’il essaye de s’en sortir seul, et si vraiment cela n’allait pas, il irait la voir.

-C’est très gentil de votre part ! Mais je pense que si jamais ça ne va pas j’essayerai de m’en sortir…Enfin si je n’y arrive vraiment pas, un coup de main sera le bienvenu !

Alors qu’il terminait sa phrase, l’infirmière se leva, et Mychaël haussa un sourcil quand elle revint avec un parchemin de l’encre et une plume. Après quelques secondes, elle se rassit sur le lit à ses côtés. …Une liste pour lui ? Finalement, cette visite à l’infirmerie était une bonne chose ! Au moins il pourrait grâce à elle repérer quelques élèves. Enfin, si il si il s’agissait plus de farces que d’attentat envers sa propre personne, tant que cela ne se produirait pas à chaque fois, il n’allait pas les blâmer. En entendant Shalley parler de « sa maison » il pensa un instant qu’elle était Directrice des Serpentards, mais il se souvint qu’elle n’était pas avec eux lorsque la tête de l’école leurs avaient montré les salles Communes en leur donnant les mots de passes.

-Merci beaucoup ! Je suppose que vous, ils vous apprécient, enfin, je veux dire que vous n’êtes pas du tout empathique. Mais en fait, si ce n’est pas trop indiscret, qu’est ce qui vous a poussé à devenir infirmière ici ?

Lança Mychaël, un sourire aux bouts des lèvres, dans le but de faire plus ample connaissance avec elle. A vrai dire, jusqu’ici il n’avait jamais vraiment essayé de se faire des amis, se concentrant plus sur ses études qu’autre chose, et parfois persuadé qu’étant plus jeune, les autres allait d’office le rejeter. Repliant une de ses jambes contre lui, il jeta un coup d’œil à la feuille qu’elle était en train d’écrire, tout en gardant un sourire, heureux d’avoir trouvé au moins un de ses homologues sympathique, bien qu’il ne connaisse pas encore tout le monde, loin de là.

Le sourire de Shalley se figea lorsque Mychaël lui demanda pourquoi elle était devenue infirmière. Elle baissa le regard et serra les poings, ne sachant pas vraiment si elle voulait répondre. Ce n'était pas la première fois qu'on lui posait une telle question, mais habituellement elle gardait le silence. Oh, elle avait répondu quelques fois, mais elle était ce genre de personnes qui écoutaient les problèmes des autres sans pour autant parler des siens. Néanmoins, lui s'était confié en quelque sorte et avait osé lui parler. Elle devait bien lui rendre la pareille non ? Même si ce n'était pas exactement pareil. L'infirmière prit une grande inspiration pour se calmer et retrouva le sourire. Après tout, il était rare de la voire sans celui-ci. Elle était sensée être toujours de bonne humeur...

« Au départ, je ne voulais pas être infirmière. Je n'avais même pas pensé à soigner qui que ce soit. Tu ne connais pas les Serpentards apparemment, mais là-bas, on ne se soucie pas vraiment du sort des autres. C'est plus quelque chose comme la loi du plus fort. Il faut bien, Serpentard est une maison qui a toujours été mise à part à cause de ses idéaux.. pas très nobles, on va dire. Je ne sais plus vraiment si j'y crois encore. Je pense que si. Donc, comme cette maison et rejetée, ses membres sont à la fois soudés en apparence, pour lutter contre les autres maisons, mais dissolus en plusieurs rangs. Il y a aussi plusieurs règles qui ne changent pas. Par exemple, on doit le respect aux années supérieurs, et on peut s'affirmer sur les autres. Il y a un leadeur par niveau aussi.. Bref, je te laisse imaginer. C'est avec cette mentalité que je suis sortie de Poudlard. Contrairement à certains, je n'excellait pas dans toutes les matières, seules les potions et la botanique m'intéressaient. J'ai donc décidé d'obtenir un diplôme de Maître des potions. D'ailleurs, je l'ai eu. »

Shalley sourit à ce souvenir. Elle avait sué sang et eau pour l'avoir, mais ce devait être parce qu'elle faisait des études de médecine à côté. Elle poussa un long soupir et se laissa complètement tomber sur le lit. Les yeux fixés sur le plafond d'un blanc immaculé, elle se rappelait avec un sourire au coin des lèvres ses années à Poudlard. Certes, ses idées sur les Sang-deBou... Les Né-Moldu n'étaient pas les meilleurs, elle prenait plaisir à martyriser les premiers années avec ce qu'elle qualifiait à l'époque 'd'amis'... mais au moins, elle avait été heureuse. Maintenant elle l'est aussi, mais c'était plus parce qu'elle avait recommencé sa vie à partir de l'adolescence. Elle se rendait bien compte à quel point elle faisait gamine, elle semblait faire une crise d'adolescence tardive... Mais était-ce sa faute de vouloir revivre ses meilleurs années ? Personne n'a donc rêvé d'en faire autant ?

« Mais entre temps... J'avais une petite sœur. Alizey... C'était entre sa sixième et septième année. Elle est tombée malade. Gravement malade. Tu sais, ces choses qui n'arrivent que dans les livres normalement ? Ou bien tu le vois dans le journal aussi, tu connais l'existence de cette chose, mais tu n'y fais pas attention. Tu te dis que c'est loin de toi et que ça n'arrivera jamais. Et bien si, ça arrive. Alizey n'a jamais eu l'occasion de faire sa septième année. »

Un rire nerveux s'échappa de sa gorge. Finalement, elle n'avait toujours pas fait son deuil. Auparavant, il y avait les études, elle avait tellement travaillé qu'elle n'avait pensé à rien d'autre. Ses amis, sa famille, sa vie... Tout ce qui comptait était son but, elle avait été prête à tout pour y arriver. Ensuite, elle avait du chercher du travail pour ne pas finir à la rue, puis avait terminé par aller à Poudlard, travailler et étudier en même temps. On ne dirait pas, mais gérer les petits bobos de tout Poudlard est vraiment exténuant. Shalley amena sa main à sa joue en constatant que quelque chose coulait. Une larme ? Elle pleurait ? Elle s'essuya rapidement les yeux, en espérant que l'autre n'est rien vu, puis reprit.

« J'ai vu mes parents... ma mère pleurer. Toute cette souffrance quand on perd quelqu'un au moment où on s'y attend moins... Elle était pourtant si enthousiaste de faire cette dernière année, le moment où elle ferait partie des plus vieux. Je ne voulais pas avoir à revivre ça, je ne voulais plus que qui que ce soit vive ça. J'ai voulu appartenir au département de recherche contre les maladies rares à Saint Mangouste. Mais je voulais aussi obtenir mon diplôme de Maître des potions, j'y tenais vraiment, même si je ne sais pas vraiment pourquoi. Travailler sur ces deux projets en même temps a été trop dur. Je te l'ai dis, je suis Maître des potions mais je n'ai pas pu aller à Saint Mangouste. Alors j'ai obtenu ce poste d'infirmière. J'avais prévu d'y rester une année tout au plus. Je voulais travailler pour pouvoir payer mes frais, mais aussi étudier. C'était la meilleure des manières possibles ! Mais je me suis attaché à ce poste. Alizey était encore à Poudlard lorsqu'elle est.. partie. Je suppose que ça a beaucoup jouer dessus. Et puis, revenir dans ce bon vieux château après tout ce temps, c'est merveilleux ! Enfin toi tu ne dois pas trop comprendre ça.. Hrm, désolée. »

Elle se releva et lui fit une petite moue d'excuse. Elle se rendit finalement compte de l'effet qu'avait du produire son monologue. Il y avait fort à parier que ses yeux étaient encore rouge et que son maquillage avait coulé, prouvant qu'elle avait pleuré. Et puis entendre le récit d'une mort n'était pas des plus joyeux. Elle se leva et retourna dans son bureau, prit sa trousse à maquillage et revînt dans la pièce. Elle s'installa devant un miroir et entreprit de réparer les dégâts, sachant tout de même que c'était stupide étant donné qu'elle se coucherait bientôt.

« Et toi alors ? Pourquoi tu as voulu ce poste ? Ne me dit pas que ton histoire est du même genre que la mienne ou ce sera à moi de prendre un philtre calmant ! » rigola-t-elle pour détendre l'atmosphère.

Après quelques instants, le Maître des Potions finit par re détendre sa jambe, se rendant compte que c’était quand même plus confortable comme cela. Non il n’avait pas posé son pied sur le lit, mais sur son autre jambe, afin de ne pas salir l’infirmerie. Bon il n’était pas certain que ces chaussures soient dégoutantes, mais bon, on est jamais trop prudent, même si un sort de propreté aurait suffi à nettoyer l’éventuelle tâche. Cependant, lorsqu’il reposa son pied, il remarqua que le sourire de l’infirmière était…légèrement différent ? Avait-il dit quelque chose qu’il ne devait pas ? Il essaya de se remémorer ses paroles, mais ne voyait absolument pas ce qui avait pu la vexer. Après tout, il lui avait dit qu’elle n’était pas forcée de répondre…

Non en effet, il ne connaissait rien à propos si ce n’est leur emblème, couleurs, et fondateurs. Il y avait un livre à la bibliothèque qu’il projetait de lire quand il aurait le temps, mais justement le temps il ne l’avait pas encore trouvé. Avec un peu de chance, ce livre contiendrait un plan géant ? « L’Histoire de Poudlard » qu’il s’intitulait. Il pouvait être très intéressant non ? Enfin bref, autant porter son attention sur son interlocutrice, ce sera plus poli aussi. Bien. D’après ce qu’elle disait Mychaël en déduisait que les Serpentard n’étaient pas les plus sympathiques. Il se surprit à se demander dans quelle maison il aurait été réparti, lui. En même temps il ne pouvait pas le dire comme cela, ne connaissant pas parfaitement leurs particularités.

Cependant, il ne fit aucun commentaires, ne voulant pas la couper, cela ne se faisait pas de toute façon. Alors elle aussi avait eu son diplôme de Maître des Potions ? Au moins, si jamais il ne savait pas de quoi parler, il pourrait parler des Potions, cela éviterait de tomber sur un sujet délicat…Bien que pour le moment, il ne voyait pas grand-chose de terrible. Après tout, elle ne lui avait pas dit que cela la dérangeait ni que c’était délicat ! Mais bon son sourire du début avait parlé pour elle.

Puis soudainement, elle évoqua sa sœur et une maladie. Il ne fallait pas être un génie pour faire le lien et voir où cela allait mener. Soit elle était toujours malade, dans le coma ou un truc dans le genre, ou alors elle était décédée. Mychaël se mordit la lèvre inférieure. Qu’est ce qui lui avait prit de demander une chose pareille ? Décidemment il avait le don pour se mettre dans des situations pas possible. Qu’est ce qu’il allait bien pouvoir lui dire maintenant ? En plus il avait même réussi à la faire pleurer…Hrm…Allait il continuer de lui poser des questions ? Dans un sens, il pourrait difficilement lui faire plus de mal.

Lorsqu’elle eut finit, elle se releva, allant chercher du maquillage, avant de lancer une phrase pour détendre l’atmosphère, bien que Mychaël se sentait toujours aussi mal à l’aise d’avoir demandé une chose pareille. Mais bon, il n’aurait pas pu savoir sa vie n’est ce pas ? Il n’avait juste…pas eu de chance c’est tout.

-Désolé, je suis un gros boulet…j’arriverais même à mettre un Hippogriffe hors de lui sans l’insulter…Enfin, vo…tu sais, mon histoire n’est pas très passionnante. Il y a 4 ans je ne savais même pas ce que j’avais envie de faire…C’est lorsque je me suis rendu compte qu’il y avait une école de Magie que l’idée m’est venue. Venir découvrir ce château est vite devenu une obsession. J’ai eu du mal à convaincre mes parents, mais j’ai fini par réussir et à entrer à l’université, bien que le directeur a quelque peu rechigné… Enfin, j’ai choisi de faire Potions parce que…C’était ce que j’arrivais le moins bien à faire avant. Au début je n’arrêtais pas de les rater, et je déteste rester sur un échec. C’est quelque chose que je ne supporte pas…Bref, voilà.

Répondit-il en terminant par un léger haussement d’épaules. Puis il releva d’un coup sa tête, faisant voleter quelques mèches, qui lui retombèrent une énième fois sur le visage. Hésitant durant quelques instants à lui poser cette question, il pencha légèrement la tête sur le côté avant de prendre la parole

-Hrm… dit, ça vous dérange si je te…vous tutoie ?
Lança-t-il maladroitement, ne sachant pas vraiment comment formuler sa question. Il ne savait pas du tout si elle accepterait, après tout elle venait de dire que dans sa maison on resepctait les plus âgés, et s’affirmaient sur les autres. Puis il releva la tête vers le plafond, le fixant durant un moment avant de lancer.

-C’est fou je n’arrive toujours pas à réaliser que je suis dans le château…Il est tellement grand, je suis prêt à parier qu’il y a des tonnes de passages secrets et des choses dans le genre…Et j’ai bien peur qu’il me faille plusieurs années avant d’apprendre par cœur les chemins qui m’intéresse…Et, et …J’ai entendu parler de Pré-au-Lard non loin d’ici, c’est bien comme endroit ? Si j’ai bien compris c’est un peu comme le chemin de Traverse non ?

Demanda-t-il en prenant le coussin à côté de lui, tout en rabaissant la tête. Il passa sa langue sur sa lèvre supérieure, tout en inspectant l’oreiller entre ses mains.

- Il y a cette fameuse cabane hurlante non là-bas ? Ce n’est pas là ou il y avait des drôles de bruits ? Enfin bon son nom l’explique quoi… Je me demande bien ce qu’il y a là-dedans...des fantômes venus se venger ? Un Loup-Garou ? Ce serait trop drôle !

Lâcha-t-il en regardant Shalley avec un sourire avant de se lancer lui-même son coussin sur la figure pour une raison inconnue aux pauvres mortels.

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